C'est dans un endroit solitaire que
le géographe va chercher et trouver une source
ignorée de tous... comment ne pas envier l'aigle
royal qui voit ce que l'homme ne peut voir ? "La plus haute source et le
gazon qui l'entoure, c'est là sur toutes les
montagnes, le lieu délicieux par excellence ! On se
trouve sur la limite entre les deux mondes ; d'un
côté, par-delà les promontoires
boisés, se montre la riche vallée avec ses
cultures, ses maisons, ses eaux paisibles, et la brume
indistincte qui pèse au loin sur la ville ; de
l'autre côté, s'étendent les
pâturages solitaires et le pic baigné dans la
bleue profondeur des cieux. L'air est fortifiant et
léger : on plane de haut dans l'espace, et quand on
voit au loin l'aigle porté sur ses fortes ailes, on
se demande presque si l'on ne pourrait comme lui voler
au-dessus des campagnes et des collines, en laissant tomber
de haut sa vue sur les petites oeuvres des hommes. Que de
fois, bien plus encore pour la volupté de voir que
pour la douceur du repos, je me suis accoudé
près de la source de la montagne, en reportant mes
regards de la discrète fontaine à ce grand
monde inférieur qui se perdait au loin dans le cercle
infini de l'horizon !" Ch. III. Le torrent de la
Montagne
Dessin d'Audrey
Le torrent de la
montagne.