Méharée

Méharée reste le plus célèbre des livres de Théodore Monod, spécialiste incontesté du désert, qu’il parcourut depuis plus de soixante-dix ans à dos de chameau ou à pied.

Ce savant exemplaire n’a pas son pareil pour évoquer les paysages mauritains, pour raconter ses longues méharées dans les dunes, ni pour décrire la faune, la flore, l’histoire ou la préhistoire de ces régions.ou, dans les années trente, il entendit parler d’une mystérieuse et gigantesque météorite qu’il ne cesserait de chercher, durant un demi-siècle, avec une insatiable curiosité.

C’est par des champs lexicaux que Monod commence ses chapitres dans Méharée; une formule originale qui intéresse le lecteur :

Silhouettes féminimes. Fonds de poubelles. Au temps des pêcheurs à la ligne. Lacs et lagunes.

Un Sahara vénitien. Chronologie péhistorique. Une bibliothèque sur pierre.

Comme E. Reclus, Théodore Monod sait parler de la mer :

“Le petit chalutier laboure courageusement les plaines liquides, blanches d’écume; au large du Rio de Oro, les alizés sont vifs, la mer toujours courte, hachée, brisante. Mais les fonds sont doux et le pont se couvre périodiquement d’une grouillante et bruissante litière de dorades mauves: ce matin, vingt fois de suite, la ruisselante palanquée a fait crier les “bretelles”: un trait de vingt tonnes. Presque exclusivement des diagrammes, violets, palais couleur de feu et lèvres jaunes.”

T. Monod

 “Là, aussi loin que l’oeil pouvait les atteindre, les vagues blanches se poussaient, se dressaient l’une contre l’autre et s’écroulaient par une succession de cataractes. A chaque nouvel écroulement des flots, un espace de plus de cent mètres de large se couvrait d’une eau blanche comme le lait, puis aussitôt la vague se ramenait sur elle-même et se redressait pour prendre un nouvel élan”.

E. Reclus