La prison et l'exil

 

Engagé comme simple soldat pour défendre la jeune République contre la Prusse, Elisée Reclus est fait

Prisonnier le 4 avril 1871 lors de la sortie de Châtillon (1500 hommes furent fait prisonniers). Interné d'abord à Satory, puis sur un ponton, il est condamné le 15 novembre 1871 à la déportation en Nouvelle-Calédonie pour avoir participé à la Commune de Paris. De nombreux savants européens signent une pétition en sa faveur, mais celle-ci n'est pas prise en compte. Pendant près d'un an, Elisée Reclus fut détenu à Quélern, près de Brest, dans des conditions souvent atroces. Lors de sa détention, il instruisit les détenus qui l'entouraient. Il connut d'autres lieux d'internement et finit par atterrir à Sainte Pélagie. Grâce à une seconde pétition de savants anglo-saxons, sa peine est commuée le 3 février 1872, en 10 ans de bannissement. Elisée choisit donc de s'exiler en Suisse, il y restera 18 ans pendant lesquels il affirmera sa tendance anarchiste et écrira une œuvre importante : La Nouvelle Géographie universelle et adhérera à la Fédération jurassienne et viendra en aide aux exilés : son exil en Suisse sera très actif.

Reclus s'installe près de Lugano, il est très vite rejoint par sa femme et ses enfants. Il négocie, avec les Editions Hachette, la publication d'une grande Géographie Universelle, composée de quinze volumes qu'il écrira en 15 ans. En 1875, il s'installe au bord du lac Léman après le décès de sa femme Fanny. Elisée retrouve Bakounine et se lie d'amitié avec Pierre Kropotkine.

Durant les années passées en Suisse, Elisée donne régulièrement des conférences, qui traitent aussi bien de thèmes géographiques que sujets politiques et sociaux. Il deviendra un véritable militant, portant à bout de bras une idéologie à qui il s'efforcera de donner cohérence. Le 18 mars 1876, lors d'une manifestation de commémoration de la Commune, il donne à Lausanne une conférence dans laquelle, pour la première fois, il utilise en public le mot "anarchiste" pour définir son orientation politique. Le nom d'Elisée Reclus est associé à 2 journaux dont les titres "Le Travailleur" et "Le Révolté", évoque bien sa personnalité.

 Déportation : peine politique afflictive et infamante qui constitue dans le transport définitif du condamné hors du territoire continental.

 Exil : expulsion d'une personne hors de sa patrie, avec défense d'y entrer.

 Prison : lieu de détention.

 Sainte Pélagie : ancienne prison de Paris. D'abord fondée pour les "filles repenties" (1662) elle devint maison d'arrêt en 1790, puis prison départementale en 1811, et fut démolie en 1895.

 Satory : camp militaire du sud- ouest de Versailles.